lundi 2 janvier 2017

Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires, doutes ; et enfin, des différentes sortes de courtisanes.


Chapitre 6

Des gains et des pertes .

 


Il arrive assez souvent que, lorsqu’on court après des gains ou
qu’on espère en obtenir, tous les efforts n’aboutissent qu’à des
pertes.

Les causes de ces pertes sont :

Faiblesse d’intelligence.
Amour excessif.
Excès d’orgueil.
Excès d’égoïsme.
Excessive simplicité.
Excès de confiance.
Excès de colère.
Paresse.
Insouciance.
Influence d’un mauvais génie.
Circonstances accidentelles.

Ces pertes ont pour résultats :

Des frais sans aucune compensation.
La ruine du bien être futur.
La perte de gains qu’on allait réaliser.
L’aigrissement du caractère.
La misanthropie.
L’altération de la santé.
La Perte des cheveux ; et d’autres accidents.
Or le gain est de trois sortes, savoir : gain de fortune, gain de
mérite religieux, et gain de plaisir ; et, pareillement, la perte
est de trois sortes, savoir : perte de fortune, perte de mérite religieux,
et perte de plaisir. Si, au moment où l’on poursuit des
gains, d’autres gains viennent s’y ajouter, on appelle ceux-ci

gains accessoires. Si le gain est incertain, le doute sur sa nature
s’appelle un simple doute. Lorsqu’il y a doute sur laquelle
de deux choses arrivera ou non, cela s’appelle un doute mixte.
Si, d’une chose qui se fait, il sort deux résultats, cela s’appelle
une combinaison de deux résultats ; et si la même action produit
plusieurs résultats, cela s’appelle une combinaison de résultats
multiples.

Nous allons en donner des exemples :

Comme il a été dit, le gain est de trois sortes, et la perte, qui
est l’opposé du gain, est aussi de trois sortes.

a. Lorsque, en vivant avec un grand personnage, une courtisane
acquiert de la richesse dans le présent, et qu’en même
temps elle se lie avec d’autres personnes, de manière à se procurer
des chances de bien-être à venir et un accroissement de
richesse, et devient ainsi universellement désirable, cela s’appelle
un gain de richesse accompagné d’aucun gain.

b. Lorsque, en vivant avec un homme, une courtisane gagne
simplement de l’argent, cela s’appelle un gain de richesse non
accompagné d’autre gain.

c. Lorsqu’une courtisane reçoit de l’argent d’autres personnes
que de son amant, les résultats sont :

la chance de
perte du bien être à tenir que lui eût procuré son amant ; la
chance de désaffection d’un homme qui lui était sincèrement
attaché ; le mépris de tous ; et enfin, la chance d’une liaison
avec quelque individu de bas étage qui lui perdra son avenir.
Ce gain s’appelle un gain de richesse accompagné la perte.

d. Lorsqu’une courtisane, à ses propres frais et sans aucun
résultat en fait de gain, se lie avec un grand personnage ou un
ministre avare, dans le but d’éviter quelque malheur ou d’écarter
quelque obstacle à la réalisation d’un gros gain, cette perte
s’appelle une perte de richesse accompagnée de gains futurs
qui en peuvent résulter.

e. Lorsqu’une courtisane est bonne, même à ses dépens,
pour un homme très avare, ou fier de sa belle mine, ou pour un
homme ingrat habitué à conquérir des cœurs, sans qu’il en résulte
pour elle, en fin le compte, aucun bénéfice, cette perte
s’appelle une perte de richesse non accompagnée d’aucun
gain.

f. Lorsqu’une courtisane est bonne pour des hommes tels que
ceux récrits ci-dessus, mais qui, en outre, sont des favoris du

Roi, cruels et puissants, et cela sans aucun bon résultat final et
avec la chance pour elle d’être mise sur la paille à tout moment,
cette perte s’appelle une perte de richesse accompagnée
d’autres pertes.

De cette manière, les gains et es pertes, ainsi que les gains
et pertes accessoires en mérite religieux et en plaisirs, sont exposés
aux yeux du lecteur, qui peut en établir aussi différentes
combinaisons.

Ainsi finissent les remarques sur les gains et les pertes et sur
les pains et pertes accessoires.
Nous arrivons maintenant aux doutes, qui sont encore de
trois sortes, savoir : doutes sur la richesse, doutes sur le mérite
religieux, doutes sur les plaisirs.

En voici des exemples :

a. Lorsqu’une courtisane n’est pas certaine de ce qu’un
homme peut lui donner ou dépenser pour elle, cela s’appelle
un doute sur la richesse.

b. Lorsqu’une courtisane doute si elle est bien fondée à éconduire
tout à fait un amant dont elle ne peut plus rien tirer, attendu
qu’elle lui a pris toute sa fortune du premier coup, ce
doute s’appelle un doute sur le mérite religieux.

c. Lorsqu’une courtisane ne peut posséder un amant à sa fantaisie,
et ne sait si elle tirera jamais du plaisir d’un homme entouré
de sa famille, ou d’un individu de bas étage, cela s’appelle
un doute sur le plaisir.

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si quelque personnage puissant,
mais malintentionné, ne lui causera pas de la perte au cas
où elle manquerait pour lui de déférence, cela s’appelle un
doute sur la perte de richesse.

Lorsqu’une courtisane doute si elle ne perdrait pas du mérite
religieux en abandonnant un homme qui lui est attaché,
sans lui accorder la plus légère faveur, et en causant ainsi son
malheur dans ce monde et dans l’autre, ce doute s’appelle un
doute sur la perte de mérite religieux.

Lorsqu’une courtisane ne sait si elle ne courrait pas risque
de perdre l’affection de son amant en s’ouvrant à lui et lui révélant
son amour, et de manquer ainsi la satisfaction de son
désir, cela s’appelle un doute sur la perte de plaisir. 
Ainsi finissent les remarques sur les doutes.




Doutes mixtes

Le commerce ou liaison avec un étranger, dont on ne connaît
pas les intentions, et qui peut avoir été introduit soit par un
amant, soit par une personne en charge, est susceptible de
produire du gain ou de la perte ; et, conséquemment, cela s’appelle
un doute mixte sur le gain ou la perte de richesse.

Lorsqu’une courtisane, sur la prière d’un ami ou par un
sentiment de pitié, a commerce avec un Brahmane lettré, un
étudiant religieux, un sacrificateur, un dévot ou un ascète, qui
peuvent l’un ou l’autre s’être épris d’amour pour elle au point
d’en être malades à mourir, ce faisant elle peut gagner ou
perdre du mérite religieux ; et, conséquemment, cela s’appelle
un doute mixte sur le gain ou la perte de mérite religieux.
Si une courtisane s’en rapporte uniquement au témoignage
des autres, et aux on-dit, à l’égard d’un homme, et va le
trouver sans s’assurer d’abord s’il possède ou non de bonnes
qualités, elle peut ou gagner ou perdre du plaisir, suivant que
cet homme sera bon ou mauvais ; et, conséquemment, cela
s’appelle un doute mixte sur le gain ou la perte de plaisir.

Uddalaka a décrit comme suit les gains et les pertes des
deux côtés :

Les âmes des hommes qui meurent sans avoir eu leurs désirs
satisfaits passent pour aller au monde des Mânes, et non
directement à l’Esprit Suprême.

Si, en vivant avec un amant, une courtisane en tire à la fois
richesse et plaisir, cela s’appelle un gain des deux côtés.
Lorsqu’une courtisane vit avec un amant à ses propres
frais, sans en tirer aucun profit, et que l’amant lui reprend
même ce qu’il peut lui avoir autrefois donné, cela s’appelle une
perte des deux côtés.

Lorsqu’une courtisane ne sait si un nouvel amant lui deviendrait
attaché, ou même si, lui devenant attaché, il lui donnerait
quelque chose, cela s’appelle un doute des deux côtés
sur les gains.

Lorsqu’une courtisane ne sait si un ancien ennemi, dont
elle se rapproche de son propre mouvement, ne voudra pas lui
faire du mal pour satisfaire sa rancune ; ou si, lui devenant attaché,
il ne pourra pas, dans un moment de colère, lui
reprendre ce qu’il peut lui avoir donné, cela s’appelle un doute
des deux côtés sur la perte.

Babhravya a ainsi décrit les gains et les pertes des deux
côtés :

Lorsqu’une courtisane a chance de tirer de l’argent d’un
homme qu’elle Peut aller voir, et aussi d’un homme qu’elle
peut ne pas aller voir, ce a s’appelle un gain des deux côtés.

Lorsqu’une courtisane a des dépenses à faire pour aller
voir un homme, mais aussi court le risque d’une perte irrémédiable
si elle ne va pas le voir, cela s’appelle une perte des
deux côtés.

Lorsqu’une courtisane ne sait si un homme qu’elle irait
voir lui donnerait quelque chose, sans avoir elle-même à faire
de dépense, ou si, en le négligeant, elle obtiendrait quelque
chose d’un autre homme, cela s’appelle un doute des deux côtés
sur le gain.

Lorsqu’une courtisane ne sait si, en allant à ses frais voir
un vieil ennemi, il ne lui reprendrait pas ce qu’il peut lui avoir
donné, ou si, en n’allant pas le voir, il ne lui attirerait pas
quelque désastre, cela s’appelle un doute des deux côtés sur la
perte.

En combinant les cas ci-dessus, on obtient six sortes de résultats
mixtes, savoir :

Gain d’un côté, et perte de l’autre.
Gain d’un côté, et doute de gain de l’autre.
Gain d’un côté, et doute de perte de l’autre.
Perte d’un côté, et doute de pain de l’autre.
Doute de gain d’un côté, et doute de Perte de l’autre.
Doute de perte d’un côté, et perte de ‘autre.
Une courtisane, après avoir bien considéré tout ce qui précède
et pris conseil de ses amis, doit agir de façon à s’assurer
du gain, des chances de gros gains, et des garanties contre
quelque grand désastre.

Le mérite religieux et le plaisir peuvent aussi faire l’objet de
combinaisons séparées comme celles de la richesse, et tous les
trois seront ensuite combinés l’un avec l’autre, de manière à
former de nouvelles combinaisons.

Lorsqu’une courtisane a commerce avec plusieurs hommes,
elle doit tirer de chacun d’eux de l’arpent aussi bien que du
plaisir. À des époques déterminées, telles que les festivals de
printemps, etc., elle fera annoncer par sa mère à différentes
personnes que, tel ou tel jour, sa fille passera son temps avec
l’homme qui satisfera tel ou tel de ses désirs.

Lorsque des jeunes gens l’approchent tout ravis d’aise, elle
doit réfléchir à ce qu’elle en peut tirer.
Les combinaisons de gains et de pertes de tous côtés sont :
gain d’un seul côté, et perte de tous les autres ; perte d’un seul
côté et gain de tous les autres ; gain de tous côtés, perte de
tous côtés.

Une courtisane doit aussi peser les doutes sur le gain et les
doutes sur la perte, en ce qui concerne la richesse, le mérite
religieux et le plaisir.

Ainsi finit l’exposé du gain, de la perte, des gains accessoires,
des pertes accessoires, et des doutes.

Les différentes sortes de courtisanes sont :

Une maquerelle.
Une servante.
Une femme dissolue.
Une danseuse.
Une ouvrière.
Une femme qui a quitté sa famille.
Une femme qui vit sur sa beauté.
Et finalement, une courtisane de profession.
Toutes ces sortes de courtisanes sont en relations avec différentes
sortes d’hommes, et elles doivent songer aux moyens
d’en tirer de l’argent, de leur plaire, de s’en séparer, et de se
remettre avec eux.

Elles doivent aussi prendre en considération les gains et
pertes particuliers, les gains et pertes accessoires, et les
doutes, suivant la condition de chacune.
Ainsi finit l’examen des courtisanes.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :

« Les hommes veulent du plaisir, tandis que les femmes
veulent de l’argent : elles doivent, en conséquence, étudier
cette partie, qui traite des moyens de s’enrichir." "Il y a des
femmes qui cherchent de l’amour, et il y en a d’autres qui
cherchent de l’argent : les unes apprendront, dans les premières
parties de cet ouvrage, ce qui concerne l’amour, et les
autres trouveront dans celle-ci les moyens de gagner de l’argent,
tels que les pratiquent les courtisanes. »


 Bientôt

Partie 7
Des moyens de s’attacher les
autres
Chapitre 1

dimanche 1 janvier 2017

Des différentes sortes de gain.


Chapitre 5

Des différentes gain.

 


Si une courtisane peut réaliser chaque jour beaucoup d’argent,
grâce à une nombreuse clientèle, elle ne doit pas s’attacher à
un seul amant ; dans ce cas, elle fixera son prix pour une nuit,
après avoir bien considéré le lieu, la saison, les ressources de
ses clients, ce qu’elle à de bonnes qualités, sa bonne mine, et
aussi en comparant ses prix avec ceux d’autres courtisanes.
Elle pourra informer de son tarif ses amants, amis et connaissances.
Si, cependant, elle a la chance d’obtenir un gros gain
d’un seul amant, elle pourra s’attacher à lui seul et vivre maritalement
avec lui.

Maintenant, les Sages sont d’avis que, si une courtisane a la
chance l’un gain égal de la part de deux amants à la fois, elle
doit préférer celui qui lui donnerait précisément la chose dont
elle a besoin. Mais Vatsyayana dit qu’elle oit préférer celui qui
lui donne de l’or, parce que l’or ne peut pas être repris comme
d’autres objets, qu’on le reçoit facilement, et que c’est un
moyen de se procurer tout ce qu’on désire.

De toutes ces choses : or, argent, cuivre, métal de cloche,
fer, vases, meubles, lits, vêtements de dessus, vêtements de
dessous, substances parfumées, vaisseaux faits avec des
gourdes, huile, blé, bestiaux, etc., première, c’est-à-dire l’or,
est supérieure à toutes les autres.

Si la conquête des deux amants exige la même peine, ou si
l’on eut obtenir a même chose de chacun d’eux, il conviendra
de s’en apporter pour le choix à une amie ; ou bien l’on se décidera
d’après leurs qualités personnelles, ou encore d’après les
signes de bonne ou mauvaise fortune qu’ils pourront porter sur
eux.

S’il y a deux amants, ont l’un est attaché à la courtisane, et
l’autre est simplement très généreux, les Sages disent qu’il
faut donner la préférence à l’amant généreux ; mais Vatsyayana
est d’avis qu’il vaut lieux préférer celui qui est attaché à la
courtisane, parce qu’il Peut devenir généreux : en effet, un
avare même donne de l’argent s’il est pris d’une femme, tandis
qu’un homme simplement généreux. aimera jamais avec attachement.
Mais si, parmi ceux qui lui sont attachés, il y en a un
pauvre et un riche, elle donnera naturellement préférence au
dernier.

S’il y a deux amants, dont l’un est généreux, et l’autre prêt à
rendre un service quelconque à la courtisane, certains Sages
disent qu’il faut préférer celui qui est prêt à rendre le service ;
mais, dans l’opinion Vatsyayana, un homme qui rend un service
croit avoir tout gagné une fois la chose faite, tandis qu’un
homme généreux ne pense plus à qu’il a donné. Ici même, la
courtisane se décidera d’après l’utilité de bénéfices que pourra
lui procurer son union avec ou l’autre.
Si l’un des deux amants est reconnaissant, et l’autre libéral,
certains Sages disent qu’il faut préférer le libéral ; mais, dans
l’opinion de Vatsyayana, c’est le premier qu’il faut choisir, car
les hommes libéraux sont généralement hautains, brusques en
paroles et sans égards pour les autres. Ces hommes libéraux
auront beau avoir été longtemps liés avec la courtisane, s’ils
viennent à lui découvrir quelque défaut, ou si une autre femme
leur en dit du mal, ils n’ont cure des services passés et
rompent subitement. L’homme reconnaissant, au contraire, ne
brise pas tout d’un coup avec elle : il a égard à la peine qu’elle
peut s’être donnée pour lui plaire. Ici encore, le choix sera déterminé
par les probabilités de l’avenir.

Lorsque la courtisane trouve à la fois une occasion de satisfaire
à la requête d’un ami, et une chance de gagner de l’argent,
les Sages disent qu’elle doit avant tout s’occuper de gagner
de l’argent. Mais Vatsyayana est d’avis que l’argent peut
se retrouver demain aussi bien Qu’aujourd’hui, mais que, si
l’on néglige une fois la requête peut en garder rancune. Ici encore,
le choix sera déterminé par le meilleur résultat à obtenir.
En pareille occasion, toutefois, la courtisane pourra apaiser
son ami en lui disant qu’elle a quelque chose à faire et qu’elle
satisfera à sa requête le jour suivant : de cette manière, elle ne
perdra point la chance de gagner l’argent qu’on lui offrait.

Si la chance de gagner de l’argent et celle d’éviter quelque
désastre se présentent à la fois, les Sages sont d’avis qu’il faut
préférer la chance de gagner de l’argent ; mais Vatsyayana dit
que l’importance limitée, tandis qu’un désastre, une fois évité,
peut ne plus revenir. Ici, au surplus, ce qui doit déterminer le
choix, c’est laideur ou l’insignifiance du désastre.

Les gains de la plus riche et de la meilleure classe de seront
affectés aux dépenses suivantes :
À bâtir des temples, réservoirs et jardins ; à donner un millier
vaches à différents Brahmanes ; à pratiquer le culte des
dieux et célébrer des festivals en leur honneur ; et, enfin, qui
pourront être dans leurs moyens. Les gains des autres courtisanes
seront dépensés comme suit :
À posséder un habillement blanc à porter chaque jour ; à se
curer nourriture et boisson en quantité suffisante pour apaiser
et soif ; à manger chaque jour un tambula parfumé, c’est-à-dire
mélangé de noix de bétel et de feuilles de bétel ; et à porter
des ornements rodés d’or. Les Sages disent que ces dépenses
les gains de toutes les classes moyennes et inférieures de courtisanes
mais Vatsyayana est d’avis que leurs gains ne peuvent
être fixés en aucune façon, attendu qu’ils dépendent des conditions
du lieu, de la coutume du peuple, de leur propre physionomie,
et de bien d’autres choses.

Si une courtisane veut empêcher un homme de s’adresser à
une autre femme ; ou si elle veut le détacher d’une autre
femme avec laquelle il est lié ; ou priver une femme des gains
qu’elle en a tirés ; ou si elle croit qu’elle élèverait sa position,
gagnerait de gros bénéfices et se rendrait désirable à tous les
hommes en s’unissant avec celui-là ; ou bien si elle désire se
procurer son aide pour éviter quelque malheur ; ou si elle lui
est réellement attachée et l’aime d’amour ; ou si elle a en vue
de faire du tort à quelqu’un par son moyen ; ou si elle a égard
à quelque faveur qu’elle en a précédemment reçue ; ou si, pour
s’unir à lui, elle n’est poussée que par le désir : dans n’importe
lequel des cas ci-dessus, elle ne lui demandera qu’une petite
somme d’argent, et d’une manière amicale.
Si une courtisane a l’intention d’abandonner un amant en
titre et d’en prendre un autre ; ou si elle a des raisons de
croire que son amant va la quitter bientôt et retourner à ses
femmes ; ou qu’il a dissipé tout son argent et se retrouve sans
le sou, et que son tuteur, ou son maître, de son frère va venir le
reprendre ; ou que son amant est sur le point de perdre sa position
; ou enfin, qu’il est d’humeur volage : dans tous ]es cas
elle devra essayer de tirer de lui le plus tôt possible autant l’arpent
qu’elle pourra.

D’un autre côté, si la courtisane pense que son amant est sur
le point de recevoir de beaux présents ; ou d’obtenir une
charge auprès du Roi ; ou d’hériter d’une fortune ; ou qu’il a,
tout près d’arriver, un navire chargé de marchandises ; ou qu’il
possède de grands stocks de blé et d’autres denrées ; ou que,
si elle fait quelque chose pour lui, ce ne sera pas peine perdue
; ou bien, qu’il est toujours fidèle à sa parole : alors elle
prendra conseil de son bien-être à venir, et vivra avec lui
comme une femme mariée.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :
"En vue de ses bénéfices présents et de son bien-être à venir,
une courtisane doit éviter les hommes qui ont gagné avec
beaucoup de peine leurs moyens de subsistance, comme aussi
ceux qui sont devenus égoïstes et durs en obtenant les faveurs
du Roi." "Elle fera tous ses efforts pour s’unir avec des personnages
fortunés et libéraux, et avec ceux qu’il serait dangereux
d’éviter ou d’offenser en quoi que ce soit. Même au prix de
quelque sacrifice, elle se fera avec des hommes énergiques et
généreux, qui, une fois satisfaits, qui donneront beaucoup d’argent,
voire pour un très petit service, ou pour fort peu de
chose."

 

 

 Bientôt

 

Chapitre 6
Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires,
doutes ; et enfin, des différentes
sortes de courtisanes.