samedi 31 décembre 2016

D’une nouvelle union avec un ancien amant.


Chapitre 4

 Union avec un ancien amant .

 


Lorsqu’une courtisane abandonne son amant après lui avoir
soutiré sa fortune, elle doit penser à une nouvelle union avec
un ancien amant.

Mais elle n’ira le retrouver que s’il est redevenu riche, ou s’il
lui reste de la fortune, et s’il lui est encore attaché. Et s’il arrive
que cet homme, à ce moment même, vive avec une autre
femme, elle réfléchira bien avant d’agir.

Or un tel homme ne peut être que dans l’une des six positions
suivantes, savoir :

Il peut avoir quitté la première femme de son propre mouvement,
et même en avoir quitté une autre depuis.

Or, si l’homme
a quitté les deux femmes de son propre mouvement, il n’y a
pas lieu d’aller le retrouver, vu l’inconstance de son esprit et
son indifférence pour les belles qualités de ces deux femmes. Il
peut avoir été éconduit par les deux femmes. Quant à l’homme
qui peut avoir été éconduit par les deux femmes, s’il l’a été par
la dernière dans l’espoir qu’avait celle-ci de tirer plus d’argent
d’un autre homme, alors il y a lieu d’aller le retrouver ; car, s’il
est encore attaché à la première femme, il lui donnera plus
d’argent, par vanité et afin de éviter l’autre femme. Mais s’il en
a été éconduit pour sa pauvreté ou son avarice, il n’y a pas lieu
d’aller le retrouver. Il peut avoir quitté l’une des deux femmes
de son propre mouvement, et avoir été éconduit par l’autre.
Dans le cas où l’homme aurait volontairement quitté l’une des
femmes et aurait été éconduit Par l’autre, s’il consent à revenir
à la première et lui donne d’avance beaucoup d’argent, alors il
y a lieu de l’accueillir. Il peut avoir quitté l’une des femmes de
son propre mouvement, et vivre avec une autre. Dans le cas où
l’homme aurait volontairement quitté l’une des femmes, et vivrait
avec une autre, la première, si elle désire le reprendre,
doit d’abord s’assurer s’il l’a quittée dans l’espoir de trouver
chez l’autre femme quelque qualité exceptionnelle, et si,
n’ayant pas trouvé ce qu’il espérait, il est disposé à lui revenir
et à lui donner beaucoup d’argent, en considération de sa
conduite et de l’affection qu’il a encore pour elle. Ou bien, si,
ayant découvert maints défauts chez l’autre femme, il a une
tendance à trouver maintenant chez la première plus de qualités
même qu’elle n’en a réellement, et s’il est disposé à lui donner
beaucoup d’argent pour ces qualités. Ou enfin elle examinera
si c’est un homme faible, ou qui aime à jouir de beaucoup
de femmes, ou qui aimait une femme pauvre, ou lui n’a jamais
rien fait pour la femme avec laquelle il vivait. Tout cela bien
considéré, elle s’adressera ou non à lui, selon les circonstances.

Il peut avoir été éconduit par l’une, et avoir quitté
l’autre de son propre mouvement. ; Quant à l’homme
qui peut avoir été éconduit par l’une des femmes et avoir volontairement
quitté l’autre, la première femme, si elle désire le
reprendre, devra d’abord s’assurer s’il a encore de l’affection
pour elle et si, en conséquence, il dépenserait pour elle beaucoup
l’argent ; ou si, tout en aimant ses excellentes qualités, il
a cependant le goût pour une autre femme ; ou si, ayant été
éconduit par elle avant d’avoir complètement satisfait ses désirs
sexuels, il ne désire pas lui revenir dans le but de venger
l’injure qu’il en a reçue ; ou encore, s’il ne désire pas lui inspirer
confiance, et lui reprendre alors sa fortune qu’elle lui a
soutirée, et finalement la ruiner ; ou, enfin, s’il n’a pas l’intention
de la faire rompre avec son amant et de briser ensuite lui-même.

Si, tout cela considéré, elle croit que ses intentions sont
réellement pures et honnêtes, elle peut contracter avec lui une
nouvelle union. Mais si elle le soupçonne de mauvaises idées,
elle devra y renoncer. Il peut avoir été éconduit par l’une des
femmes, et vivre avec une autre.

Dans le cas où l’homme aurait été éconduit par une femme et
vivrait avec une autre, s’il fait des ouvertures pour revenir à la
première, la courtisane réfléchira bien avant d’agir, et pendant
que l’autre femme sera occupée à se l’assurer, elle essaiera à
son tour, tout en restant cachée derrière la scène, de le reconquérir,
en se faisant à elle-même les raisonnements ci-après :

Il a été éconduit injustement et sans cause ; et maintenant qu’il
s’est adressé à une autre femme, je dois faire tous mes efforts
pour le ramener à moi.

Si seulement il causait une fois avec
moi, il briserait avec l’autre femme. Grâce à mon ancien
amant, je rabaisserais l’orgueil de celui que j’ai aujourd’hui.

Il est devenu riche, occupe une belle position et remplit une
charge élevée sous le Roi. Il est séparé de sa femme. Il est
maintenant indépendant. Il vit à part de son père ou de son
frère. En faisant la paix avec lui, je mettrai la main sur un
homme très riche, que mon présent amant empêche seul de me
revenir. Comme sa femme ne le respecte pas, je pourrai maintenant
l’en séparer. L’ami de cet homme aime ma rivale, qui
me déteste cordialement : ce sera une occasion de séparer
l’homme de sa maîtresse. Et, enfin, je jetterai sur lui du discrédit
en le ramenant à moi, car je montrerai ainsi l’inconstance
de son esprit. Lorsqu’une courtisane est résolue à reprendre
un ancien amant, son Pithamarda ou d’autres domestiques lui
diront que, s’il a été précédemment éconduit, c’est grâce à a
méchanceté de la mère ; que la fille l’aimait autant et plus que
le premier jour, mais qu’elle a dû céder par déférence à la volonté
de sa mère ; qu’elle souffre de son union avec son présent
amant, et qu’elle le déteste au possible. Ils chercheront,
de plus, à lui inspirer confiance en lui parlant de son ancien
amour pour lui, et feront allusion à telle ou telle marque de cet
amour dont elle s’est toujours souvenue. Cette marque
d’amour lui rappellera une sorte de plaisir qu’il aura pu pratiquer,
comme, par exemple, sa manière de la baiser, ou sa manière
d’opérer le congrès avec elle.

Ainsi finissent les moyens de former une nouvelle union avec
un ancien amant.
Lorsqu’une femme peut choisir entre deux amants, dont l’un
lui était précédemment uni et l’autre lui est étranger, les Acharyas
(sages) sont d’avis que le premier est préférable, parce
que, ses goûts et son caractère lui étant bien connus par l’observation
qu’elle en a faite, elle pourra aisément lui plaire et le
contenter. Mais Vatsyayana pense qu’un ancien amant, qui a
déjà dépensé une Grande partie de sa fortune, ne peut ou ne
veut pas donner encore de l’argent, et qu’il mérite, par conséquent,
moins de confiance qu’un étranger. Il peut, toutefois, se
présenter des cas en contradiction avec cette règle générale,
suivant les différentes natures des hommes.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

"Une nouvelle union avec un ancien amant peut être désirable,
en vue de séparer telle ou telle femme de tel ou tel
homme, ou tel ou tel homme de telle ou telle femme, ou encore
de produire un certain effet sur le présent amant.
Lorsqu’un
homme est excessivement attaché à une femme, il redoute de
la voir en contact avec d’autres hommes ; il est alors tout à fait
aveugle pour ses défauts, et il lui donne beaucoup d’argent, de
peur qu’elle ne l’abandonne.

Une courtisane doit être aimable
pour l’homme qui lui est attaché, et rebuter celui qui n’a
pas d’attentions pour elle. Si, pendant qu’elle vit avec un
homme, il lui arrive un messager de la part d’un autre homme,
elle peut soit se refuser à toute négociation, soit lui indiquer un
jour où elle ira le voir ; mais elle ne doit pas quitter l’homme
avec lequel elle vit et qui lui est attaché." "Une femme sage,
avant de reprendre sa liaison avec un ancien amant, doit s’assurer
que cette nouvelle union aura pour accompagnement le
bonheur, le gain, l’amour et l’amitié."




 Bientôt

Chapitre 5
Des différentes sortes de gain.

vendredi 30 décembre 2016

Des moyens de gagner de l’argent. Des signes qu’un amant commence à se fatiguer, et des moyens de s’en débarrasser.


Chapitre 3

Des moyens de gagner de l’argent . 

 


L’argent s’obtient d’un amant de deux façons, à savoir :

Par moyens naturels et légaux, et par artifices.

De vieux auteurs
sont d’avis que, si une courtisane peut tirer de son amant
autant d’argent qu’il lui en faut jour ses besoins, elle ne doit
pas user d’artifice.

Mais Vatsyayana établit que si elle peut obtenir de l’argent
par des moyens naturels, en usant d’artifice elle obtiendra le
double, et conséquemment, elle aura recours à l’artifice pour
lui extorquer de l’argent de toute manière.

Or les artifices à employer pour tirer de l’argent d’un amoureux sont les
suivants :

Elle lui demandera de l’arpent à différentes occasions, pour
acheter certains articles, tels que ornements, nourriture, boissons,
fleurs, parfums et vêtements ; et elle ne les achètera pas
du tout, ou les achètera moins cher. Elle lui vantera en face
son intelligence. Elle se prétendra obligée de faire des cadeaux
à l’occasion de festivals ayant pour sujet des vœux, des arbres,
des jardins, des temples ou des réservoirs.

Elle prétendra
qu’en allant chez lui, elle a eu ses bijoux enlevés soit par les
gardes du Roi, soit par des voleurs.

Elle alléguera que sa propriété
a été détruite par le feu, par l’effondrement de sa maison,
ou par la négligence de ses domestiques.

Elle prétendra
avoir perdu les ornements de son amant avec les siens.

Elle lui
fera dire, par d’autres personnes, les frais que lui auront occasionnés
ses déplacements pour aller le voir.

Elle contractera
des dettes au nom de son amant.

Elle se querellera avec sa
mère au sujet de quelque dépense faite par elle pour son
amant, et qui n’était pas approuvée de la mère.

Elle n’ira pas
aux parties ou fêtes qui se donneront chez ses amis, faute de
présents à leur offrir, ayant d’abord informé son amant des
riches cadeaux qu’elle a reçus de ces mêmes amis. 

Elle n’accomplira
pas certaines cérémonies, sous le prétexte qu’elle n’a
pas d’argent pour y vaquer.

Elle engagera des artistes pour
faire quelque chose au compte de son amant.

Elle entretiendra
des médecins et des ministres en vue de quelque objet.

Elle assistera
ses amis et ses bienfaiteurs, soit à l’occasion des fêtes,
soit dans l’infortune.

Elle observera les rites domestiques.

Elle
prétendra avoir à payer les frais de mariage du fils d’une amie.

Elle aura à satisfaire des envies durant sa grossesse.

Elle se dira
malade et surchargera la note du traitement.
Elle voudra tirer
un ami d’embarras.

Elle vendra quelques uns de ses bijoux,
pour faire un cadeau à son amant.

Elle fera semblant de vendre
une partie de ses ornements, de ses meubles, ou de ses ustensiles
de cuisine, à un marchand qui aura été préalablement
averti du rôle à jouer dans cette affaire.

Elle aura besoin
d’acheter des ustensiles de cuisine de plus grande valeur que
ceux du commun, afin qu’ils puissent être plus aisément distingués
et ne risquent pas d’être changés contre d’autres de qualité
inférieure.

Elle rappellera les premières libéralités de son
amant, et en fera continuellement parler par ses amies et ses
suivantes.

Elle vantera à son amant les gros bénéfices réalisés
par d’autres courtisanes.

Elle décrira devant celle ci, en présence
de son amant, ses propres bénéfices, qu’elle dira plus
grands même que les leurs, quoique ce puisse ne pas être vrai.


Elle résistera ouvertement à sa mère, si celle-ci veut la persuader
de prendre des hommes qu’elle aurait précédemment
connus, à cause des gros bénéfices qu’il y aurait à en tirer.

Enfin
elle fera remarquer à son amant la libéralité de ses rivaux.

Ainsi finissent les moyens de gagner de l’argent.

Une femme doit toujours reconnaître l’état l’esprit, les sentiments
et la disposition de son amant à son égard, d’après les
changements de son caractère, sa contenance, et la couleur de
son visage.

La conduite d’un amant qui se refroidit est la suivante :

Il donne à la femme moins que ce qui est nécessaire à ses besoins,
ou, parfois, autre chose que ce qu’elle demande.

Il la tient en haleine par des promesses.

Il annonce qu’il fera une chose, et en fait une autre. Il ne satisfait pas ses désirs.

Il oublie ses promesses, ou fait autre chose que ce qu’il a promis.
Il cause avec ses propres domestiques d’une façon mystérieuse.
Il passe la nuit dans une autre maison, sous le prétexte
d’avoir quelque chose à faire pour un ami. Enfin, il cause en
particulier avec les suivantes d’une femme qu’il connaissait
précédemment.

Or quand une courtisane s’aperçoit d’un changement dans
les dispositions de son amant, elle doit mettre la main sur tout
ce qu’elle possède de plus précieux avant qu’il ne puisse
connaître ses intentions, et elle le laissera prendre de force à
un créancier supposé, en paiement de quelque dette imaginaire.
Ensuite, si l’amant est riche et qu’il se soit toujours bien
conduit avec elle, elle continuera de le traiter avec respect ;
mais s’il est pauvre et sans ressources, elle s’en débarrassera
comme si elle ne l’avait jamais vu auparavant.

Les moyens de se débarrasser d’un amant sont les suivants :

Elle représentera les habitudes et les vices de l’amant comme
désagréables et odieux, en ricanant du bout des lèvres et en
frappant du pied.

Elle lui parlera d’une affaire qu’il ne connaît
pas.

Elle ne montrera pas d’admiration pour son savoir, et le
critiquera plutôt.

Elle rabaissera son orgueil.

Elle recherchera
la compagnie d’hommes qui lui sont supérieurs en savoir et en
sagesse.

Elle témoignera de son dédain pour lui en différentes
occasions.

Elle critiquera les hommes qui ont les mêmes défauts
que lui.

Elle exprimera son déplaisir pour les modes de
jouissance qui lui sont familiers.

Elle ne lui donnera pas sa
bouche à baiser.

Elle lui refusera l’accès de son jaghana, c’està-
dire de la partie de son corps entre le nombril et les cuisses.

Elle montrera du dégoût pour les blessures faites par ses
ongles et ses dents.

Elle ne se serrera pas contre lui lorsqu’il
l’embrassera.

Elle restera les membres immobiles pendant le
congrès.

Elle voudra qu’il jouisse d’elle lorsqu’il sera fatigué.

Elle rira de son attachement pour elle.

Elle ne répondra pas à ses embrassements.

Elle s’éloignera de lui lorsqu’il voudra l’embrasser.

Elle fera semblant d’avoir sommeil.

Elle sortira en visite, ou ira rejoindre une compagnie, lorsqu’elle le verra désireux de rester avec elle toute la journée.

Elle affectera de mal comprendre ses paroles.

Elle rira sans aucun motif, ou, s’il dit quelque plaisanterie, elle rira d’autre chose.

Elle regardera de côté ses propres servantes, et claquera des mains lorsqu’il
parlera.

Elle l’interrompra au milieu de ses récits, et se mettra
elle même à raconter d’autres histoires.

Elle divulguera ses défauts
et ses vices, les déclarant incurables.

Elle dira à ses servantes
des mots calculés pour piquer au vif le cœur de son
amant.

Elle aura soin de ne pas le regarder lorsqu’il viendra la voir.

Elle lui demandera ce qu’il ne pourrait lui accorder. Et, finalement,
elle le renverra.
Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :
« Le devoir d’une courtisane consiste à nouer des relations
avec ]es hommes convenables, après mûr examen ; à s’attacher
celui avec lequel elle s’est unie ; à obtenir de la richesse de celui
qui lui est attaché, et à le renvoyer ensuite, après l’avoir dépouillé
de toute sa fortune." "Une courtisane, qui mène ainsi la
vie d’une femme mariée, n’a as l’embarras d’un grand nombre
d’amants, et elle n’en tire pas moins abondance et richesse. »



 Bientôt

Chapitre 4
D’une nouvelle union avec un ancien amant.