mardi 29 novembre 2016

Des moyens d’aborder une femme et des efforts à faire pour la conquérir.

 

Chapitre 2


D’anciens auteurs sont d’avis que les jeunes filles se laissent
moins facilement séduire par l’entremise de messagères, que
par l’action personnelle de l’homme ; mais que les femmes mariées,
au contraire, cèdent plus facilement aux intermédiaires
qu’à l’amant lui-même.

Vatayana, lui, estime que, toutes les
fois que cela est possible, l’homme doit agir de son propre
chef, et c’est seulement lorsqu’il y a impossibilité absolue de ce
faire qu’on doit recourir à l’office des messagères.
Quant à dire que les femmes qui agissent hardiment et librement
cèdent aux efforts personnels de l’homme, et que celles
qui ne possèdent pas ces qualités cèdent à des messagères,
c’est pure plaisanterie.

Or, quand un homme agit lui-même, en
cette matière, il doit, avant tout, faire la connaissance de la
femme qu’il aime, de la manière suivante :

Il s’arrangera pour être vu de la femme dans quelque occasion
naturelle ou spéciale.

L’occasion est naturelle, lorsque l’un
d’eux se rend à la maison de l’autre ; elle est spéciale, lorsqu’ils
se rencontrent soit chez un ami, ou un compagnon de
caste, ou un ministre, ou un médecin, soit aux cérémonies de
mariage, aux sacrifices, aux festivals, aux funérailles et aux
parties de jardin. Quel que soit le moment où ils se rencontrent,
l’homme doit avoir soin de regarder la femme de telle
façon qu’elle puisse deviner l’état de son esprit ; il tirera sa
moustache, produira un son avec ses ongles, fera tinter ses bijoux,
mordra sa lèvre inférieure, et fera d’autres signes de
même sorte.

Lorsqu’elle le regardera, il parlera d’elle et
d’autres femmes à ses amis, et il se montrera libéral, ami des
plaisirs. S’il est assis à côté d’une femme de sa connaissance, il
bâillera, se tortillera le corps, contractera ses sourcils, parlera
très lentement comme s’il était fatigué, et l’écoutera avec indifférence.
Il pourra aussi entretenir, avec un enfant ou quelque
autre personne, une conversation à double sens, qui paraîtra
se raporter à une tierce personne, mais qui, en réalité, aura
pour objet la femme qu’il aime ; et de cette façon il lui fera
connaître son amour, en ayant l’air de s’occuper des autres
plus que d’elle même. Il fera sur la terre, avec ses ongles ou
avec un bâton, des marques qui s’adresseront à elle ; il embrassera
et baisera un enfant en sa Présence, lui donnera avec
sa langue le mélange de noix de bétel et de feuilles de bétel, et
lui pressera le menton avec ses doigts d’une manière caressante.
Il fera tout cela en temps et lieu convenables.

L’homme
caressera un enfant assis sur les genoux de la femme, et lui
donnera quelque jouet, qu’il lui reprendra ensuite. Il pourra
ainsi entretenir avec elle une conversation au sujet de cet enfant,
et de la sorte il se familiarisera graduellement avec elle ;
il s’étudiera aussi à se rendre agréable à ses parents.





La connaissance, une fois faite, deviendra un prétexte pour la visiter
souvent dans sa maison ; et alors il causera de quelque sujet
d’amour, elle absente, mais assez près cependant pour
qu’elle puisse l’entendre. L’intimité grandissant, il lui confiera
une sorte de dépôt ou gage, dont il retirera de temps à autre
une petite portion ; ou bien il lui donnera quelques substances
parfumées, ou des noix de bétel, pour qu’elle les lui garde.
Après cela, il fera son possible pour la mettre en bonnes relations
avec sa propre femme, les engagera à causer confidentiellement
et à s’asseoir ensemble dans des lieux solitaires.

Afin de la voir fréquemment, il s’arrangera de manière que les
deux familles aient le même orfèvre, le même joaillier, le même
vannier, le même teinturier et le même blanchisseur. Et il lui
fera ouvertement de longues visites, sous le prétexte de
quelque affaire qu’il traite avec elle ; et une affaire en amènera
une autre de façon à les maintenir toujours en relations. Si elle
désire quelque chose, si elle a besoin d’argent, ou si elle veut
acquérir de l’adresse dans tel ou tel art, il lui insinuera qu’il a
la volonté et le pouvoir de taire tout ce qu’elle désire, de lui
donner de l’argent, ou de lui enseigner tel ou tel art, tout cela
étant dans ses moyens.

Il entretiendra avec elle des discussions,
en compagnie d’autres personnes, parlera de ce qui a
été dit et fait par d’autres, examinera différents objets, tels que
des joyaux, des pierres précieuses, etc. À ces occasions, il lui
montrera certaines choses qu elle pourra ne point connaître ;
et si elle vient à être en désaccord avec lui sur les choses elles
mêmes ou sur leur valeur, il ne la contredira pas, mais assurera
qu’il est de son avis sur tous les points.

Ainsi finissent les manières de faire connaissance avec la
femme qu’on désire.

Maintenant, lorsqu’une jeune fille est familiarisée avec un
homme ainsi qu’il est décrit plus haut, et qu’elle lui a manifesté
son amour par les différents signes extérieurs et les mouvements
de son corps, l’homme doit faire tous ses efforts pour la
posséder. Mais comme les jeunes filles n’ont pas d’expérience
de l’union sexuelle, il convient de les traiter avec la plus
grande délicatesse, et l’homme devra user de grandes précautions.
Cela n’est pas nécessaire, bien entendu, avec les autres
femmes qui sont accoutumées au commerce sexuel. Lorsque
les intentions de la jeune fille ne seront plus douteuses et
qu’elle aura mis de côté sa peur, l’homme commencera à faire
usage de son argent et ils échangeront ensemble des vêtements,
des anneaux et des fleurs. En cela, l’homme prendra un
soin tout particulier à ce que ses cadeaux soient beaux et précieux.

Elle lui donnera aussi un mélange de noix de bétel et de
feuilles de bétel, et s’il se rend à quelque partie de plaisir, il lui
demandera la fleur qu’elle a aux cheveux ou celle qu’elle porte
à la main. Si c’est lui même qui lui donne une fleur, elle aura
un doux parfum et sera marquée de signes qu’il y aura imprimés
avec ses ongles ou ses dents.

Progressivement et graduellement
il dissipera ses craintes, et finira par la conduire dans
quelque lieu solitaire, où il l’embrassera et la baisera. Enfin, à
l’occasion d’une noix de bétel qu’il lui donnera, ou qu’il en recevra,
ou d’un échange de fleurs qu’ils feront ensemble, il lui
touchera et pressera les parties secrètes, donnant ainsi à ses
efforts une conclusion satisfaisante.

Lorsqu’un homme a entrepris de séduire une femme, il ne
doit pas essayer d’en séduire une autre dans le même temps.
Mais après avoir réussi avec la première, et en avoir jouir durant
un laps de temps considérable, il peut entretenir son affection
en lui faisant des cadeaux qui lui plaisent, et commencer
dès lors le siège d’une autre femme.

Si un homme voit le mari d’une femme qu’il aime aller à
quelque endroit près de sa maison, il s’abstiendra de jouir de la
femme, lors même qu’elle pourrait être facilement gagnée à ce
moment là. Un homme sage, et qui a le souci de sa réputation,
ne songera pas à séduire une femme peureuse, timide, de caractère
léger, bien surveillée, ou qui possède un beau père ou
une belle mère.

 Bientôt

Chapitre 3
Examen de l’état d’esprit d’une femme.

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