mardi 29 novembre 2016

Pourquoi une courtisane s’adresse aux hommes ; des moyens de s’attacher l’homme désiré, et de l’espèce d’homme qu’il est désirable de s’attacher.


Chapitre 1

Pourquoi une courtisane s’adresse aux



hommes.

 


En ayant commerce avec les hommes, les courtisanes se procurent
des plaisirs sexuels, aussi bien que leur propre subsistance.

Maintenant, lorsqu’une courtisane accueille un homme
par amour, l’action est naturelle ; mais si elle s’adresse à lui
pour gagner de l’argent, alors l’action est artificielle ou forcée.
Même dans ce cas cependant, elle doit se conduire comme si
elle aimait naturellement, car les hommes s’attachent aux
femmes qui ont l’air de les aimer. En faisant connaître à
l’homme son amour, elle montrera qu’elle est entièrement
exempte d’avarice, et, dans l’intérêt de son crédit futur, elle
s’abstiendra de lui soutirer de l’argent par des moyens
déloyaux.

Une courtisane, bien habillée et parée de ses ornements, doit
se tenir assise ou debout à la porte de sa maison, et sans trop
se mettre en évidence, elle regardera dans la rue de façon à
être vue par les passants, attendu qu’elle est en quelque sorte
un objet exposé en vente. Elle formera des amitiés avec telles
ou telles personnes qui pourraient l’aider à brouiller les
hommes avec d’autres femmes ; elle se les attachera en vue de
réparer ses malheurs, d’acquérir de la richesse, et de se garantir
de mauvais traitements ou d’insultes de la part de gens à
qui elle aurait eu affaire de façon ou d’autre.

Ces personnes sont :

Les gardiens de la ville, ou la police.

Les officiers des cours de justice.
Les astrologues.
Les hommes pauvres, ou intéressés.
Les savants.
Les professeurs des soixante-quatre arts.
Les Pithamardas ou confidents.
Les Vitas ou parasites.
Les Vidushakas ou bouffons.
Les marchands de fleurs.
Les parfumeurs.
Les marchands de spiritueux.
Les blanchisseurs.
Les barbiers.
Les mendiants.
Et telles autres personnes qui peuvent lui être utiles pour
l’objet qu’elle a en vue.
Les hommes qu’une courtisane peut cultiver, simplement
pour gagner de l’argent, sont les suivants :
Les hommes d’un revenu indépendant.
Les jeunes gens.
Les hommes libres de tous liens.
Les hommes en charge sous le Roi.
Les hommes qui se sont assuré leurs moyens d’existence
sans difficulté.
Les hommes qui possèdent des sources certaines de revenu.
Les hommes qui se croient beaux.
Les hommes qui aiment à se vanter.
Un eunuque qui veut se faire passer pour homme.
Un homme qui déteste ses égaux.
Un homme qui est naturellement libéral.
Un homme qui a de l’influence sur le Roi ou ses ministres.
Un homme qui est toujours heureux.
Un homme qui est fier de sa fortune.
Un homme qui désobéit aux ordres de ses aînés.
Un homme sur qui les membres de sa caste ont l’oeil ouvert.
Un fils unique dont le père est riche.
Un ascète qui est intérieurement troublé par le désir.
Un homme brave.
Un médecin du Roi.
D’anciennes connaissances.

D’un autre côté, elle s’adressera, par amour ou dans l’intérêt
de sa réputation, à des hommes doués d’excellentes qualités,
tels que les suivants :

Les hommes de haute naissance, connaissant bien le monde
et faisant des choses convenables en temps convenables ; les
poètes ; les conteurs de bonnes histoires ; les hommes éloquents
; les hommes énergiques, adroits dans différents arts,
prévoyant l’avenir, doués d’un grand Pouvoir de persévérance,
d’une dévotion ferme, exempts de colère, libéraux, affectionnés
pour leurs parents et ayant du goût pour toutes les réunions de
société, habiles à compléter les vers composés par d’autres et
au courant des différents sports, exempts de toute maladie,
d’un corps parfaitement constitué, robustes, non livrés à la
boisson, infatigables aux exercices d’amour, sociables, aimant
les femmes et s’attirant leurs coeurs, mais sans se livrer complètement,
possesseurs de moyens d’existence indépendants,
exempts d’envie, et, enfin, exempts le soupçon.





Telles sont les bonnes qualités d’un homme.
La femme aussi doit se distinguer par les caractéristiques
suivantes :

Elle doit être belle, aimable, et avoir sur le corps des signes
de bon augure. Elle aimera les bonnes qualités chez les autres,
et aura du goût pour la richesse.

Elle se délectera aux unions
sexuelles résultante de l’amour, aura l’esprit ferme, et, en ce
qui concerne la jouissance sexuelle, sera de la même catégorie
que l’homme.

Elle sera toujours désireuse d’acquérir de l’expérience et du
savoir, sera exempte d’avarice, et aura toujours du goût pour
les réunions de société et pour les arts.

Les qualités générales de toutes les femmes sont les
suivantes :

Intelligence, on naturel et bonnes manières ; conduite régulière
; caractère reconnaissant ; prévoyance de l’avenir avant
de rien entreprendre ; activité ; bonne tenue ; connaissance
des temps et des lieux convenables pour chaque chose ; langage
correct ; sans rire grossier, ni malignité, ni colère ; pas
d’avarice, de sottise ni de stupidité ; connaissance des Kama
Sutra ; adresse dans les arts qui s’y rattachent.
L’absence de l’une ou de l’autre des qualités ci-dessus constitue
les défauts des femmes.

Les courtisanes doivent éviter les catégories d’hommes ciaprès
mentionnées :

Celui qui est atteint de consomption ; celui qui est de tempérament
maladif ; celui qui a des vers dans la bouche ; celui
dont l’haleine a l’odeur des excréments humains ; celui qui
aime sa femme ; celui qui parle durement ; celui qui est toujours
soupçonneux ; celui qui est avare ; celui qui est sans pitié
; un voleur ; un rat ; celui qui a du goût pour la sorcellerie ;
celui qui se moque d’être respecté ou non ; celui que ses
ennemis eux-mêmes peuvent corrompre avec de l’argent ; et
enfin, celui qui est excessivement pudibond.

D’anciens auteurs sont d’avis qu’en s’adressant aux hommes,
les courtisanes obéissent à l’un des mobiles suivants : amour,
crainte, argent, plaisir, acte quelconque de vengeance à exécuter,
curiosité, chagrin, habitude, D’arma, célébrité, compassion,
désir d’avoir un ami, honte, ressemblance de l’homme
avec quelque personne aimée, recherche de bonheur, envie de
rompre avec un autre, conformité de catégorie avec l’homme
pour l’union sexuelle, cohabitation dans un même lieu,
constance, et pauvreté. Mais Vatsyayana pose en principe que
le désir de la richesse, la recherche du bien-être, et l’amour,
sont les seules causes qui poussent les courtisanes à s’unir aux
hommes.

Maintenant, une courtisane ne doit pas sacrifier de l’argent
pour son amour, attendu que l’argent est la principale chose
qu’elle doit avoir en vue. Mais, dans les cas de crainte, etc.,
elle pourra avoir égard à la force et aux autres qualités de son
amant. De plus, bien qu’elle soit invitée par un homme à s’unir
à lui, elle ne doit pas y consentir tout de suite, car les hommes
ont une tendance à mépriser ce qu’ils obtiennent facilement.
À ces occasions, elle enverra d’abord les masseurs, les chanteurs,
les bouffons, qu’elle peut avoir à son service, ou, en leur
absence, les Pithamardas ou confidents, et d’autres, pour tâter
l’état de ses sentiments et de son esprit. Au moyen de ces personnes,
elle saura si l’homme est pur ou impur, bien disposé ou
non, capable d’attachement ou indifférent, libéral ou avare ; et
si elle le trouve à son goût, elle emploiera alors le Vita et
d’autres personnes pour se l’attacher.

En conséquence, le Pithamarda amènera l’homme chez elle,
sous le prétexte de voir des combats de cailles, de coqs, de béliers,
d’entendre le maina (sorte de sansonnet), ou d’assister à
un spectacle, ou à la pratique d’un art ; ou bien, il pourra
conduire la femme à la demeure de l’homme.

Ensuite, lorsque l’homme sera venu dans sa maison, la femme lui donnera un
objet capable d’exciter sa curiosité et de le rendre amoureux,
tel qu’un présent d’amour, qu’elle lui dira spécialement destiné
à son usage. Elle l’amusera aussi longtemps, en lui contant
telles histoires et en faisant telles choses qui pourront lui être
le plus agréables. Lorsqu’il sera parti, elle lui enverra souvent
une de ses servantes, habile à tenir une conversation enjouée,
et en même temps elle lui fera remettre un petit cadeau. Quelquefois
aussi, elle ira elle-même le trouver, sous le prétexte
d’une affaire quelconque, et accompagnée du Pithamarda.
Ainsi finissent les moyens, pour la courtisane, de s’attacher
l’homme qu’elle désire.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :
"Lorsqu’un galant se présente chez elle, la courtisane doit lui
donner un mélange de feuilles de bétel et de noix de bétel, des
guirlandes de fleurs et des onguents parfumés ; puis, en lui
montrant son adresse dans les arts, tenir avec qui une longue
conversation. Elle doit aussi lui donner des présents d’amour,
échanger avec lui différents objets, et, en même temps, lui
faire voir son expérience dans les exercices sexuels. Une fois
unie de la sorte avec son amant, la courtisane doit s’étudier à
lui être toujours agréable par des dons amicaux, par sa conversation
et par son habileté à varier les modes de jouissance."

 Bientôt

Chapitre 2


De la courtisane vivant maritalement avec


un homme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire