mercredi 14 décembre 2016

Chapitre 2 De l’étude des soixante-quatre Arts.



L’homme doit étudier les Kama Sutra et les arts et sciences qui
s’y rattachent, concurremment avec les arts et sciences relatifs
à Dharma et Artha. Les jeunes filles doivent aussi étudier les
Kama Sutra, ainsi que les arts et sciences accessoires, avant
leur mariage, puis continuer cette étude avec le consentement
de leurs maris. Ici des savants interviennent, disant que les
femmes, auxquelles il est interdit d’étudier aucune science, ne
doivent pas étudier les Kama Sutra.

Mais Vatsyayana est d’avis que cette objection ne tient pas :
car les femmes connaissent déjà la pratique des Kalqa Sutra,
pratique qui dérive des Kama Shastra, ou de la science de
Kama lui-même. En outre, ce n’est pas seulement dans ce cas
particulier, mais dans beaucoup d’autres, que, la pratique de la
science étant connue de tous, que quelques uns seulement
connaissent les règles et les lois sur lesquelles la science est
basée. Ainsi les Yadnikas ou sacrificateurs, quoique ignorants
de la grammaire, emploient des mots appropriés en s’adressant
aux différentes Divinités, et ne savent pas comment ces
mots s’écrivent. Ainsi encore telles et telles personnes remplissent
leurs devoirs à tels ou tels jours propices fixés par l’astrologie,
sans être initiées à la science astrologique. De même
les conducteurs de chevaux et d’éléphants entraînent ces animaux
sans connaître la science de l’entraînement, mais uniquement
par la pratique. Pareillement encore le peuple des provinces
les plus éloignées obéit aux lois du royaume par pratique,
et parce qu’il y a un roi au-dessus de lui, sans autre raison.
Et nous savons par expérience que certaines femmes,
telles que les filles des princes et de leurs ministres, et les
femmes publiques, sont réellement versées dans les Kama
Shastra.

Une femme, conséquemment, doit apprendre les Kama Shastra,
ou tout au moins une partie, en étudiant leur pratique sous
la direction de quelque amie intime. Elle doit étudier seule, en
son particulier, les soixante-quatre pratiques qui appartiennent
aux Kama Shastra. Son institutrice sera l’une des personnes
suivantes, savoir : la fille de sa nourrice qui aura été élevée
avec elle et sera déjà mariée, ou une amie digne de toute
confiance, ou la soeur de sa mère (c’est-à-dire sa tante maternelle),
ou une vieille servante, ou une mendiante qui aura Précédemment
vécu dans la famille, ou sa propre soeur, à qui elle
peut toujours se confier.
Elle devra étudier les arts suivants, de concert avec les Kama
sutra :
Le chant. La musique instrumentale. La danse. L’association de
la danse, du chant et de la musique instrumentale. L’écriture
et le dessin. Le tatouage. L’habillement et la parure d’une idole
avec du riz et des fleurs. La disposition et l’arrangement de lits
ou couches de fleurs, ou de fleurs sur le sol. loris et leur peinture.
La fixation de verres de couleur sur un plancher. L’art de
faire les lits et d’étendre les tapis et coussins pour reposer. Le
jeu de verres musicaux remplis d’eau. L’emmagasinage et l’accumulation
de l’eau dans les aqueducs, citernes et réservoirs.
La peinture, l’arrangement et la décoration. La confection de
rosaires, colliers, guirlandes et couronnes. Le façonnage de
turbans et de chapelets, d’aigrettes et noeuds de fleurs. Les représentations
scéniques. Les exercices de théâtre. La confection
d’ornements d’oreilles. La préparation de parfums et
d’odeurs. L’habit et arrangement des bijoux et décorations, et
la parure dans l’habillement. La magie ou sorcellerie. L’agilité
ou adresse de la main. L’art culinaire. La préparation de limonades,
sorbets, boissons acidulées et extraits spiritueux avec
parfums et coloris convenables. L’art du tailleur et la couture.
La confection de perroquets, fleurs, aigrettes, glands, bouquets,
balles, noeuds, etc., en laine ou en fil. La solution
d’énigmes, logogriphes, mots couverts, jeux de mots et questions
énigmatiques. Un jeu, qui consiste à répéter des vers :
lorsqu’une personne a fini, une autre personne doit commencer
aussitôt, en répétant un autre vers dont la première lettre doit
être la même que la dernière du vers par où a fini le précédent
récitateur ; quiconque manque de répéter est considéré

comme perdant et obligé de payer un forfait ou de laisser son
enjeu. L’art de a mimique ou imitation. La lecture, y compris le
chant et l’intonation. L’étude des phrases difficiles à prononcer.
C’est un exercice qui sert d’amusement surtout aux
femmes et aux enfants : étant donné une phrase difficile, qu’il
faut répéter rapidement, les mots sont souvent transposés ou
mal prononcés. L’exercice de l’épée, du bâton simple, du bâton
de défense, de l’arc et des flèches. L’art de tirer des inférences,
de raisonner ou inférer. La menuiserie, ou l’art du menuisier.
L’architecture, ou l’art de bâtir. La connaissance des
monnaies d’or et d’argent, des bijoux et pierres précieuses. La
chimie et la minéralogie. Le coloriage des bijoux, pierres précieuses
et perles. La connaissance des mines et carrières. Le
jardinage ; l’art de traiter les maladies des arbres et des
plantes, de les entretenir et de déterminer leur âge. La
conduite des combats de coqs, de cailles, de béliers. L’art
d’instruire à farter les perroquets et les sansonnets. L’art d’appliquer
des onguents parfumés sur le corps, d’imprégner les
cheveux de pommades et de parfums et de les tresser. L’intelligence
des écritures chiffrées et l’écriture des mots sous différentes
formes. L’art de parler en changeant la forme des mots.
Cela se fait de diverses manières. Les uns changent le commencement
et la fin des mots ; les autres intercalent des
lettres parasites entre chaque syllabe d’un mot, etc. La
connaissance des langues et des dialectes provinciaux. L’art de
dresser des chariots de fleurs. L’art de tracer des diagrammes
mystiques, ou de préparer des charmes et enchantements, et
de nouer des bracelets. Les exercices d’esprit, tels que de compléter
des stances ou des versets dont vous n’avez qu’une partie
; ou de suppléer une, deux ou trois lignes lorsque les autres
lignes ont été prises au hasard dans différents versets, de manière
à faire du tout un verset complet pour le sens ; ou d’arranger
les mots d’un verset qu’on aurait irrégulièrement écrit
en séparant les voyelles des consonnes ou en les omettant tout
à fait ; ou de mettre en vers ou en Prose des phrases représentées
par des signes ou des symboles. Il y a une foule d’exercices
de ce genre. La composition des poèmes. La connaissance
des dictionnaires et vocabulaires. L’art de changer et de
déguiser l’apparence des personnes. 



L’art de changer l’apparence
des choses, comme de faire prendre du coton pour de la
soie, des objets grossiers et communs pour des objets fins et
rares. Les différentes sortes de jeu. L’art d’acquérir la propriété
d’autrui par voie de muntras ou enchantements. L’adresse
aux exercices juvéniles. La connaissance des usages sociaux, et
l’art de présenter aux autres ses respects et compliments. La
science de la guerre, des armes, des armées, etc. L’art de la
gymnastique. L’art de deviner le caractère d’un homme par les
traits de son Visage. L’art de scander ou de construire des
vers. Les récréations arithmétiques. La confection des fleurs
artificielles. La confection de figures et images en argile.
Une femme publique, douée de bonnes dispositions, ayant de
la beauté jointe à d’autres attraits, et, aussi, versée dans les
arts ci dessus, reçoit le nom de Ganika, ou femme publique de
haute qualité ; elle a droit, dans une société d’hommes, à un
siège d’honneur. Toujours respectée par le Roi et louangée par
les lettrés, ayant ses faveurs recherchées de tous, elle devient
l’objet de la considération universelle. Pareillement, la fille
d’un roi, comme celle d’un ministre, si elle possède les arts cidessus,
peut s’assurer la préférence de son époux, alors même
que celui-ci aurait des milliers d’autres femmes. Ajoutez à cela
que si une femme vient à être séparée de son mari et tombe en
détresse, elle peut gagner aisément sa vie, même à l’étranger,
grâce à la connaissance de ces arts. Leur connaissance seule
est un attrait pour une femme, bien que leur pratique soit
seulement possible dans telles ou telles circonstances. Un
homme versé dans ces arts, parlant agréablement et au fait
des procédés de la galanterie, conquiert vite le coeur des
femmes, même après un temps très court de relations.


Bientôt


Chapitre 3
La vie d’un citoyen.

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