dimanche 25 décembre 2016

Des devoirs d’une entremetteuse.

Chapitre 4

Si une femme a manifesté son amour ou son désir par des
signes ou des mouvements de son corps, et qu’ensuite elle ne
se laisse plus loir que rarement ou pas du tout, ou s’il s’agit
d’une femme rencontrée pour la première fois, l’homme doit
employer une entremetteuse pour s’approcher d’elle.

Or l’entremetteuse, après s’être insinuée dans la confiance
de la femme en agissant suivant ses dispositions, essaiera de
lui faire haïr ou mépriser son mari en tenant avec elle d’artificieuses
conversations en lui parlant de médecines pour avoir
des enfants, en lui racontant les contes de diverses sortes sur
les voisins, des histoires sur les femmes des autres, et en célébrant
sa beauté, sa sagesse, sa générosité, son bon naturel.
Elle lui dira : "C’est en vérité bien dommage que vous, une
femme si excellente sous tous les rapports, soyez sous la domination
d’un tel mari. Belle dame, il n’est pas fait même pour
vous servir." L’entremetteuse parlera ensuite à la femme de la
faible passion de son mari, de sa jalousie, de sa coquinerie, de
son ingratitude, de son aversion pour les plaisirs, de sa sottise,
de sa mesquinerie, et de tous les autres défauts qu’il peut avoir
et qu’elle pourra bien connaître. Elle insistera particulièrement
sur tel défaut ou imperfection qui lui paraîtra devoir être plus
sensible à la femme. Si l’épouse est une femme-biche, et le mari
un homme-lièvre, il n’y a rien à dire ; mais s’il était un
homme-lièvre, et elle une femme-jument ou une femme-éléphant,
alors elle lui ferait sentir la disproportion.

Gonikaputra est d’avis que, dans le cas où la femme en est à
sa première intrigue, ou qu’elle n’a fait connaître son amour
qu’avec toutes sortes de réticences, l’homme doit alors se procurer
et lui envoyer une entremetteuse qui la connaisse déjà et
en qui elle fait confiance.

Mais revenons à notre sujet. L’entremetteuse parlera à la
femme du dévouement et de l’amour de l’homme, et lorsqu’elle
verra grandir sa confiance et son affection, elle lui dira alors ce
qu’elle devra faire, le la manière suivante : "Écoutez ceci, belle
dame ; voilà un homme, de bonne famille, qui vous a vue, et qui
en perd la tête. Le pauvre jeune homme, d’une nature si sensible
! il n’a jamais été aussi rudement éprouvé, et je crains
bien qu’il ne succombe à son affliction, qu’il ne finisse par en
mourir !" Si la femme prête à ces paroles oreille favorable,
alors, le jour suivant, l’entremetteuse, qui observé des signes
de bon augure sur son visage, dans ses yeux dans sa conversation,
lui Parera de nouveau de l’homme, et contera les histoires
d’Ahaffa et d’Indra, de Sacountala et hyanti, ou d’autres semblables
qui pourront s’adapter à l’occasion.

Elle lui vantera la force de l’homme, ses talents, son habileté
dans soixante-quatre sortes de plaisirs mentionnées par Babhravya,
bonne mine, et sa liaison avec quelque noble dame,
n’importe que ce dernier point soit vrai ou non.

De plus, l’entremetteuse notera avec soin la conduite de la
femme à son égard. Si elle lui est favorable, voici quels seront
ses procédés :

Elle l’accueillera d’un air souriant, s’assiéra tout près d’elle,
et lui demandera :

"Où avez-vous été ? Qu’avez-vous fait ?
avez-vous dîné?
avez-vous dormi ?
vous êtes-vous assise?"

Elle ira aussi trouver l’entremetteuse dans des endroits
solitaires ; là, elle lui contera des histoires, bâillera contemplativement,
poussera de longs soupirs, lui donnera des présents,
la fera ressouvenir de quelque joyeuse journée, et la renverra
en souhaitant de la revoir, et en lui disant d’un air enjoué :

"Oh ! jolie parleuse, pourquoi m’avez-vous dit ces méchantes
paroles ?" Puis elle observera que ce serait péché d’avoir commerce
avec cet homme ; et elle ne dira rien des rendez-vous ou
conversations qu’elle aura déjà pu avoir avec lui, mais désirera
qu’on l’interroge là-dessus, et enfin rira de la passion de
l’homme, mais sans lui en faire un crime.

Ainsi finit la conduite de la femme avec l’entremetteuse.
Lorsque la femme aura manifesté son amour comme il vient
d’être dit, l’entremetteuse l’attisera en lui apportant des gages
amoureux de la part de l’homme. Mais si la femme ne le
connaît pas bien personnellement, l’entremetteuse l’amènera à
ses fins en célébrant et en exaltant ses bonnes dualités, et en
lui contant des histoires de son amour pour elle.

Uddalaka dit à
ce propos que si un homme et une femme ne se connaissent
pas personnellement, et s’ils ne se sont pas montré l’un à
l’autre des signes d’affection, l’emploi d’une entremetteuse est
inutile.

Les disciples de Babhravya, d’un autre côté, affirment que
s’ils se sont montré l’un à l’autre des signes d’affection,
quoique ne se connaissant pas personnellement, il y a lieu
d’employer une entremetteuse. D’après Gonikaputra, cet emploi
est de saison pourvu qu’ils se connaissent, lors même qu’il
n’y aurait pas eu de signes d’affection.

Vatsyayana, lui, établit que même s’ils ne se connaissent pas
personnellement et ne se sont montré l’un à l’autre aucun
signe d’affection, tous les deux cependant peuvent donner leur
confiance à une entremetteuse.

Or l’entremetteuse fera voir à la femme les présents, tels que
noix de bétel et feuilles de bétel, parfums, fleurs et anneaux,
que l’homme pourra lui avoir donnés pour elle, et sur ces présents
seront imprimées les marques des dents et des ongles de
l’homme, avec d’autres signes.

Sur l’étoffe qu’il pourra lui envoyer, il dessinera avec du safran
ses jeux mains jointes ensemble, pour signifier son ardente
prière.

L’entremetteuse fera voir aussi à la femme des figures ornementales
de différentes sortes découpées dans des feuilles, ainsi
que des ornements d’oreilles et des chapelets de fleurs
contenant des lettres d’amour où sera exprimé le désir de
l’homme, et elle la déterminera à lui envoyer en retour des présents
affectueux. Une fois ces présents acceptés de part et
d’autre, l’entremetteuse, de sa propre initiative, arrangera
entre eux un rendez -vous.




Rencontres sérieuses par affinités








Les disciples de Babhravya disent que ce rendez-vous doit
avoir lieu à l’époque où l’on visite le temple une divinité, ou à
l’occasion de foires, parties de jardin, représentations théâtrales,
mariages, sacrifices, festivals et funérailles, ou encore
lorsqu’on va se baigner à la rivière, ou bien en temps de calamités
naturelles, d’incursions de brigands ou d’invasion du
pays par l’ennemi.

Gonikaputra est d’avis que ces rendez-vous doivent de préférence
le donner dans les demeures de femmes amies, de mendiants,
d’astrologues et d’ascètes. Mais Vatsyayana décide que
le seul lieu convenable à ce sujet est celui dont l’entrée et la
sortie sont faciles, où il a été pris des dispositions Pour éviter
tout accident, et où l’homme, ayant une fois pénétré dans la
maison, peut la quitter au moment voulu sans risquer une rencontre
fâcheuse.

Maintenant, voici quelles sont les différentes sortes d’entremetteuses
ou messagères :

Une entremetteuse qui prend sur elle le fardeau de l’affaire.

Une femme qui, après avoir observé la passion mutuelle d’un
homme et d’une femme, les met en rapport et mène l’intrigue
par la seule Puissance de son intellect, s’appelle une entremetteuse
qui prend sur elle tout le fardeau de l’affaire.
Cette espèce
d’entremetteuse est principalement employée lorsque
l’homme et la femme se connaissent déjà et ont déjà conversé
ensemble ; dans ce cas, elle n’est pas envoyée seulement par
l’homme (ce qui a toujours lieu dans tous les autres cas), mais
aussi par la femme. On donne aussi ce nom à une entremetteuse
qui, s’apercevant que tel homme et telle femme se
conviennent l’un à l’autre, essaie de les unir quoiqu’ils ne se
connaissent pas encore. Une entremetteuse qui exécute seulement
une partie limitée de l’affaire.

Une entremetteuse qui,
après s’être aperçue qu’une partie de l’affaire était déjà faite,
ou que l’homme a déjà risqué ses avances, se charge de parfaire
le reste, s’appelle une entremetteuse qui exécute seulement
une partie limitée de affaire. Une entremetteuse qui
porte simplement une lettre. Une entremetteuse qui porte simplement
des messages entre un homme et une femme qui
s’aiment, mais sans pouvoir se rencontrer souvent, s’appelle
une porteuse de lettre ou message.

On donne aussi ce nom à
celle qui est envoyée par l’un des amants, pour informer l’autre
de l’heure et du lieu d’un rendez-vous. Une entremetteuse qui
agit pour son propre compte. Une femme qui va trouver un
homme et lui dit qu’elle a goûté l’union sexuelle avec lui dans
un rêve ; qui lui exprime sa colère de ce que sa femme l’a querellé
pour l’avoir appelée le nom de sa rivale au lieu du sien
propre ; lui donne un objet quelconque portant les marques de
ses dents et de ses ongles ; lui déclare que depuis longtemps
elle savait être désirée de lui, et lui demande en particulier laquelle
a meilleure mine, de sa femme ou d’elle même :

une telle personne s’appelle une entremetteuse pour son propre
compte.

L’homme ne doit lui donner des rendez-vous et converser
avec elle qu’en particulier et secrètement. On donne aussi
ce nom à une femme qui, après avoir promis à une autre d’agir
pour elle, conquiert l’homme pour son propre compte en faisant
personnellement sa connaissance, et cause ainsi l’échec
de l’autre femme. De même à un homme qui s’affirmant
comme entremetteur pour un autre et ne connaissant pas la
femme auparavant, la conquiert pour lui et cause ainsi l’échec
de l’autre. L’entremetteuse d’une jeune femme innocente.

Une femme qui a gagné la confiance de l’innocente jeune femme
d’un homme et qui, possédant ses secrets sans avoir exercé aucune
pression sur son esprit, connaît d’après ses confidences la
manière dont son mari se comporte avec elle, pourra lui enseigner
l’art de se faire aimer de son mari, en la parant de manière
à exprimer son amour, et en lui apprenant comment et
quand se mettre en colère, ou en faire mine ; puis, après avoir
fait elle-même des marques d’ongles et de dents sur le corps
de la jeune femme, elle l’engagera à faire venir son mari pour
lui montrer ces marques et l’exciter ainsi à la jouissance :

une telle femme s’appelle l’entremetteuse d’une jeune femme innocente.

Dans ce cas, le mari répondra à sa femme par l’intermédiaire
de la même personne. Une femme mariée servant d’entremetteuse
à son mari. Lorsqu’un homme emploie sa propre
femme pour gagner la confiance d’une femme qu’il veut posséder,
et l’envoie chez elle pour lui vanter la sagesse et l’habileté
de son mari, on appelle la première une femme mariée qui sert
d’entremetteuse. Dans ce cas, la femme courtisée fera aussi
connaître à l’homme ses sentiments par l’intermédiaire de sa
propre femme. Une entremetteuse muette. Lorsqu’un homme
envoie une jeune fille ou une servante chez une femme sous un
prétexte ou sous un autre, et cache une lettre dans son bouquet
de fleurs, ou dans ses ornements d’oreilles, ou fait sur elle
quelque marque avec ses dents ou ses ongles, cette jeune fille
ou cette servante s’appelle une entremetteuse muette.

Dans ce
cas, l’homme doit attendre une réponse de la femme par l’intermédiaire
de la même personne. Une entremetteuse qui joue
le rôle du vent. Une personne qui porte à une femme un
message à double sens, au relatif à quelque fait passé, ou inintelligible
à d’autres, s’appelle une entremetteuse qui joue le
rôle du vent.

Dans ce cas, on doit demander une réponse par
l’intermédiaire de la même femme. Ainsi finissent les différentes
sortes d’entremetteuses. Une femme astrologue, une
servante, une mendiante ou une femme artiste sont bien au
courant du métier d’entremetteuse, et réussissent vite à gagner
la confiance des autres femmes.

Chacune d’elles peut à
volonté exciter l’inimitié entre deux personnes, ou exalter
l’amabilité de telle ou telle femme dont elle prend l’intérêt, ou
décrire les arts pratiqués par d’autres femmes dans l’union
sexuelle. Elles peuvent aussi parler en termes pompeux de
l’amour d’un homme, de son adresse dans les plaisirs sexuels,
de la passion que d’autres femmes, plus belles encore que celle
à qui elles s’adressent, ressentent pour lui, et expliquer les difficultés
qui peuvent le retenir dans sa maison.

Enfin, une entremetteuse,
par l’artifice de sa conversation, peut rapprocher
une femme d’un homme, lors même que la femme n’y aurait
pas songé, ou que l’homme l’aurait crue au-dessus de ses prétentions.
Elle peut aussi ramener à une femme un homme qui,
pour une cause ou une autre, s’en serait séparé.


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 Bientôt


Chapitre 5
De l’amour des personnes en charge pour
les épouses d’autrui.

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